L’économie circulaire, un champ infini des possibles

20/12/2023

Découvrez les enjeux de l'économie circulaire. Du chantier du Grand Paris, à la production de meubles de cuisine, en passant par le recyclage de vieilles baskets ou de chaussons d’escalade.

Baskets sur fil à lingeRelever les défis de l’économie circulaire, la question était au cœur des débats des tables rondes de Lille et d’Annecy, organisées par la banque SG le 29 novembre dernier. Celles-ci réunissaient des clients SG, acteurs économiques issus d’univers différents et mobilisés sur ces enjeux d’économie d’utilité. Parmi ces témoins qui font bouger les lignes, Frédéric Marbat, Directeur RSE / Qualité Santé Sécurité Environnement du groupe Fournier (Mobalpa) pour la région Rhône-Alpes, mais également, du côté de Lille, Christophe Deboffe de NEO-ECO, Carole Magniez, Directrice du Pôle de compétitivité de Team 2 et Guillaume Haffreingue, créateur de startups à impact, ont partagé leurs visions et échangé avec le public. Retour sur deux soirées animées et ouvertes sur les enjeux de demain.

Du chantier du Grand Paris, à la production de meubles de cuisine, en passant par le recyclage de vieilles baskets ou de chaussons d’escalade… l’économie circulaire concerne un très grand nombre de secteurs... bien plus large qu’on l'imagine... Et c’est cela l’un des premiers enseignements de ces rencontres : le circulaire est partout !

La révolution circulaire du Grand Paris

Christophe Deboffe, NEO-ECO, accompagne depuis 6 ans le chantier du Grand Paris Express et mesure aujourd’hui, concrètement, les effets de la réutilisation des déblais du chantier : « aujourd'hui, la Société du Grand Paris utilise 40% de ses déblais pour faire ses coulis autour du voussoir, le gros tube en béton qui va recevoir le métro et où on va poser les rails ». Progressivement, l’entrepreneur constate une évolution significative de l’intégration de ces enjeux au sein des cahiers des charges des constructeurs : « le dernier appel d'offre pour la ligne 15 a été affecté à une grande société de construction qui a répondu avec 99% de valorisation ».

L'entrepreneur a récemment étendu son champ d’intervention aux batteries des véhicules avec l’acquisition d’une start-up qui les régénère. « En fait, il y a une chance sur trois que cette batterie soit régénérable à 100 %.», point de vue qui tranche avec les stéréotypes habituels sur ce type d’équipement. Pour Christophe Deboffe « l'économie circulaire aujourd'hui, c'est une réalité ». On le voit, il s’attache à en combattre les idées préconçues sur le sujet. Encore une ? « Dans une majorité de cas, l’économie circulaire est plus rentable que l'économie linéaire ». 

On parie sur l’avenir alors ?

Quand une vieille basket devient une piste cyclable

Guillaume Haffreingue l’annonce de but en blanc : « sur une chaussure, il y a jusqu'à 40 matériaux différents ». Sur cette base, il met en place une logique vertueuse réutilisant, par exemple, les composants des chaussons d’escalade, dans une logique de recyclage valorisant. « Une fois ces chaussons usagés, qu'est-ce qu'on en fait ? C'est “poubelle” la plupart du temps. Et puis, il y a les grimpeurs plus chevronnés qui utilisent trois, quatre paires de chaussons et qui en ont plein leur placard. Donc, on a mis en place avec La Poste une opération de récupération. La matière arrive ensuite chez nous. On va broyer intégralement les chaussons d'escalade, séparer les matériaux les uns des autres, récupérer le caoutchouc et, avec un cordonnier qui est à Brest, développer des chaussons de location, ou des chaussons des grimpeurs plus chevronnées en intégrant un maximum de matières premières recyclées. »

C’est ainsi que, élargissant par cercles concentriques le champ de son expertise, il a développé un process de recyclage étonnant : « on a développé une première piste cyclable à base de granulats de chaussures usagées ».Une illustration plus que convaincante de l’adage : rien ne se perd, tout se crée !

Groupe Fournier, agir sur l’ensemble de la chaîne de production 

Direction Annecy, avec le groupe Fournier, fabricant de biens d’équipements (meubles de cuisine), qui fait lui aussi preuve de créativité en matière d’identification de leviers de circularité  « un meuble (de cuisine) dure extrêmement longtemps et nous nous attachons à jouer sur la durabilité de celui-ci », en intégrant le recours à des matières recyclées et recyclables. « Nos objectifs et ceux de nos fabricants de panneaux de particules, c'est d'incorporer de plus en plus, de recyclé. Nous avons un objectif d'ici 2025 d'atteindre 70 % de recyclé dans nos panneaux de particules ».

Mais l’action isolée reste faiblement impactante, et l’industriel exprime clairement la nécessité, vitale, de s’inscrire dans un écosystème. « Notre souhait, dans notre démarche RSE, est d'essayer de trouver des partenaires, des acteurs locaux qui seraient intéressés pour récupérer nos chutes. Parce qu'avec ces chutes, on peut fabriquer de plus petits meubles... On travaille ainsi aujourd'hui avec Emmaüs à Lyon. On a également travaillé avec Dahu. On leur donne gracieusement nos panneaux de particules obsolètes, et ils refont des bardages pour des gymnases. C'est ainsi que nous essayons d'être un acteur local de l'économie circulaire ».

Tous les intervenants l’affirment, cette dimension systémique de l’action est indispensable« parce que, quand vous fabriquez un panneau de particules, vous utilisez aujourd'hui des colles avec des produits d'origine pétrolière. On essaye de trouver des substituts avec des produits, des colles biosourcés. On est attaché à la durabilité du meuble. Il ne faudrait pas que ces nouveaux composants viennent perturber la qualité des meubles. » rappelle Frédéric Marbat, du groupe Fournier (Mobalpa).

On retrouve ainsi le constat de Geneviève Férone Creuzet, dans sa conférence liminaire : « une entreprise qui n'évolue pas est une entreprise qui chute ». Ce que confirme, en d’autres termes, Carole Magniez, Directrice du Pôle de compétitivité de Team 2, à Lille « L'innovation se situe à tous les stades de l'économie circulaire. Cela peut être de se dire comment peut-on écoconcevoir pour  réparer plus facilement une machine à laver ? pour allonger la durée de vie ?  Comment contribuer à l’économie social et solidaire, comment créer les savoirs de demain ? Développer des outils plus performants qui limitent les blessures, les casses lors du traitement des machines à réparer… ».

Le champ des possibles de l’économie circulaire est vraiment infini.

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